La Nasa, à l’aide de ses satellites et d’un indice thermique particulier, tente de prédire les zones qui seront inhabitables à cause du réchauffement climatique d’ici 30 à 50 ans. Les prévisions sont alarmantes.
Le rôle crucial de l’indice thermique
Les scientifiques utilisent deux indices pour mesurer le degré d’inconfort lié à la chaleur et le risque sur la santé : l’indice de chaleur (heat index) et le wet bulb. Ce dernier est un indice moins subjectif et plus précis qui caractérise la température la plus basse d’un objet ou corps qui se refroidit lorsque l’humidité s’évapore de celui-ci. Il mesure la faculté de notre corps à se refroidir grâce à la sudation lors d’un temps chaud et humide. L’idée est ensuite de définir à partir de quel niveau notre corps n’arrive plus à se refroidir : c’est à partir de ce niveau-là que le risque de mort devient réel.
À l’origine, le wet bulb était mesuré avec un simple thermomètre entouré d’un linge mouillé et exposé à l’air libre. De nos jours, cet indice est calculé à partir d’un équipement électronique dans les stations météo qui fonctionnent avec les données satellites. La Nasa utilise des instruments situés dans la Station spatiale Internationale, comme AIRS (Atmospheric Infrared Sounder) et ECOStress (ECOsystem Spaceborne Thermal Radiometer Experiment). L’organisme américain développe actuellement un nouveau projet, le SBG (Surface Biology and Geology mission) dans le but d’obtenir des données plus précises sur le processus d’évaporation de l’humidité.
Les régions du monde bientôt inhabitables
Les scientifiques considèrent que l’indice wet bulb le plus élevé auquel un humain peut résister est 35 °C pendant six heures. Les enregistrements de la Nasa ont déjà relevé des wet bulbs au-dessus de 35 °C de nombreuses fois depuis 2005 : dans les régions subtropicales du Pakistan et du golfe Persique. Depuis 40 ans, la fréquence de ces wet bulbs extrêmement élevés a triplé. La majorité des régions chaudes et humides de la Planète ont un indice wet bulb qui n’excède en général par les 25 à 27 °C.
Les modèles de prévision climatiques de la Nasa tentent de déterminer les pays où l’indice wet bulb sera bientôt trop élevé pour survivre. Ce sera le cas du sud de l’Asie, du golfe Persique (Iran, Oman, Koweït), et des pays bordant la mer Rouge (Égypte, Arabie saoudite, Soudan, Éthiopie, Somalie, Yémen) dès 2050. L’est de la Chine, une partie de l’Asie du Sud et du Brésil devraient également dépasser régulièrement un indice wet bulb de 35 °C d’ici 2070. La Nasa prévoit le même sort pour certains États américains du midwest d’ici 50 ans, comme l’Arkansas, le Missouri et l’Iowa.
Le risque de décès même avec des indices plus bas
Les chercheurs précisent que le risque de décès est présent même avec des indices plus bas que celui de 35 °C. Lors de la vague de chaleur de juin 2021 au nord-ouest des États-Unis et à l’ouest du Canada (1.400 morts estimés), le wet bulb n’a pas dépassé les 25 °C. L’indice témoigne en effet d’un danger pour la santé dès qu’il dépasse les 12 °C en dessous de la température corporelle normale, la température du corps se situant aux environs de 37 °C.
Il est donc crucial de prendre en compte ces prévisions pour anticiper et préparer les populations à ces changements climatiques majeurs. Les efforts doivent être redoublés pour limiter l’augmentation de la température globale du globe et ainsi éviter que ces scénarios ne deviennent réalité.