Une enquête récente de Reuters a révélé un nombre étonnamment élevé de voitures électriques dans les casses, malgré leur part relativement faible sur le marché automobile. Les raisons de cette situation sont multiples, mais elles sont principalement liées au coût et à la complexité de la réparation des batteries de ces véhicules.
Des batteries trop chères à réparer
La batterie est l’un des éléments les plus coûteux d’une voiture électrique. Dans certains cas, elle peut représenter jusqu’à 50 % du prix de vente du véhicule, soit plusieurs dizaines de milliers d’euros. De plus, la réparation des batteries n’est pas une tâche facile. Elle est souvent longue, coûteuse et comporte certains risques. En effet, avant même d’envisager une éventuelle réparation, il est nécessaire d’effectuer un diagnostic. Or, ce diagnostic est presque impossible à réaliser sur les batteries des voitures électriques endommagées.
La raison en est que les constructeurs ne permettent pas d’accéder aux données liées aux cellules de la batterie, afin de préserver leur compétitivité et leurs secrets industriels. Sans ces informations, il est impossible pour un réparateur ou tout autre tiers d’estimer le coût d’une intervention. Face à cette situation, les assureurs préfèrent souvent envoyer les voitures à la casse plutôt que d’engager des opérations coûteuses et risquées.
Le rôle des constructeurs
L’enquête de Reuters souligne également le rôle des constructeurs dans la fabrication et l’intégration des batteries dans leurs voitures. Certains constructeurs, comme Ford ou General Motors, ont pris le sujet au sérieux et travaillent à rendre leurs packs de batteries plus accessibles et plus facilement réparables. D’autres, comme Tesla, font le choix inverse. Pour optimiser le fonctionnement de ses cellules 4680 du Model Y, le constructeur californien les colle entre elles et au châssis, rendant ainsi la réparation de l’accumulateur impossible.
Sur le SUV de Tesla, les batteries sont jugées irréparables. Et sur la Model 3 ? Elles sont beaucoup trop chères à réparer, avec un coût estimé à environ 20 000 euros pour une intervention, sur un véhicule qui en coûte 45 000.
Des conséquences écologiques et économiques
Ce choix des constructeurs a évidemment des conséquences pour l’utilisateur. Il remet en question l’intérêt écologique d’acheter un véhicule électrique compte tenu de ce risque. De plus, cette donnée doit être prise en compte lorsqu’on compare l’impact environnemental d’une voiture électrique à une thermique.
Quant à l’économie circulaire, tant vantée par les constructeurs de voitures électriques, son bien-fondé mérite d’être interrogé. « Nous achetons des voitures électriques pour des raisons environnementales, mais un véhicule électrique n’est pas vraiment respectueux de l’environnement s’il faut le jeter sa batterie à la poubelle après une petite collision », explique Matthew Avery, directeur de recherche chez Thatcham Research, un cabinet de conseil en automobile.
Enfin, l’autre conséquence est à chercher du côté des primes d’assurance. Les professionnels du secteur augmenteraient leurs tarifs lorsqu’il s’agit d’assurer des véhicules électriques. Reuters évoque ainsi une augmentation de la franchise de l’ordre de 27 % aux États-Unis.
Des solutions possibles
Face à ce phénomène, plusieurs solutions peuvent être envisagées. Au niveau des institutions, l’Europe a récemment changé sa réglementation en matière de batteries pour les voitures électriques, mais sans imposer de contraintes aux fabricants. La Commission a encouragé l’adoption de « standards permettant de faciliter leur maintenance, les réparations et leur réutilisation ».
Cependant, il n’est pas certain que cela suffise à changer l’attitude des constructeurs. Leur capacité à ouvrir l’accès aux données des batteries pour faciliter le diagnostic et la réparation semble essentielle si on souhaite envoyer moins de voitures électriques à la casse.